Pourquoi je continuerai à acheter sur Amazon ou comment je suis, semblerait-il, responsable de la fermeture des petites librairies (et des problèmes de fécondité des pandas en captivité).

La loi « anti Amazon » est passée, alléluia, sus au vilain monstre américain. Cette décision relance le débat entre les défenseurs des libraires indépendants et les inconditionnels du site marchand. Comme j’aime bien donner mon avis, mais que je n’aime pas me répéter, autant poser les choses à plat dans un petit article, comme ça c’est fait.

Amazon c’est un peu un ami de la famille pour moi. Quand j’ai besoin de livres, je vais le voir, quand je suis en rupture de stock de tartelettes Yankee Candles ou que je cherche des adaptateurs pour prises anglaises idem. On y trouve tout, on remplit son panier des objets les plus hétéroclites possibles sans bouger de chez soi et le tout arrive dans la boîte aux lettres, gain de temps et donc gain d’argent, comme on dit.

Pour la problématique qui nous intéresse, à savoir les livres, le recours à Amazon se justifie (pour mon cas perso, après chacun ses motivations) par plusieurs facteurs. D’abord, j’habite en zone rurale (eh oui, même en Ile-de-France ça existe), la première librairie est à vingt bornes et c’est une petite librairie, qui propose surtout des best sellers comme Pancol, Musso, King ou Levy. Certes, mais tu peux lui commander les livres que tu souhaites, me direz-vous. Sauf que je n’ai pas envie de me déplacer une fois pour commander et une seconde pour récupérer mes bouquins (rappelez-vous, vingt kilomètres par aller, ça nous en fait donc quatre-vingts pour l’opération complète, ça calme, non ?). Ensuite, je n’ai pas forcément envie d’avoir le regard désapprobateur du libraire sur moi quand je lui commande de la fantasy, du new adult ou de la romance. Je l’ai entendu une fois vomir sur Divergente et toute cette littérature qui pourrit le cerveau des jeunes, croyez-moi, ça refroidit. Enfin, on m’offre la possibilité de bénéficier de la remise de 5% et des frais de port gratuits, pourquoi m’en priverais-je ? Ce n’est pas que je sois près de mes sous, mais bon, ce que j’économise d’un côté, je peux mieux le dépenser d’un autre. Alors, ok, à cause des gens comme moi, une librairie ferme chaque jour. De toute façon, je n’en suis pas à mon coup d’essai, ayant bossé dans la grande distribution, j’ai donc participé à la mort d’une partie du commerce de proximité, je suis donc blindée face à ce genre d’arguments.

Je suis bien consciente que certaines librairies tentent de s’adapter, mais, encore une fois, il faut soit habiter à côté pour pouvoir assister aux évènements organisés pour dynamiser la boutique, ou avoir la foi pour payer six euros de FdP pour un livre qui en coûte vingt…

Concrètement, que va changer cette loi ? Ben, pas grand-chose à mon avis. Les frais de port seront sûrement ridiculement bas et je continuerai à remplir mon panier sur Amazon, praticité oblige. Ou, au pire, je commanderai chez Gibert et irai chercher mes commandes dans le magasin situé à cinq minutes de mon boulot. Mais je n’aurai toujours pas le temps de battre la campagne pour aller acheter dans une petite librairie, ça c’est clair.

 Le commerce évolue, les modes de consommation aussi, c’est le sens de l’Histoire, que l’on trouve ça moche ou pas, il faut intégrer cette donnée car elle n’affecte pas que les libraires mais de nombreux secteurs d’activité ; Sarenza a remplacé le magasin de chaussures du coin, Carrefour a fait fermer les drogueries traditionnelles, la VPC version La Redoute a pris un sacré coup dans l’aile et il n’y a plus de forgeron sur la place du village. Cette loi n’est qu’un écran de fumée et une épine dans le pied des consommateurs, nullement une aide réelle pour les librairies indépendantes, surtout qu’Amazon, même s’il est emblématique, n’est pas leur seul concurrent, on peut aussi citer Fnac.com, les grandes surfaces classiques et culturelles.

Pour autant, je ne suis pas réfractaire à l’idée de me rendre dans une petite librairie si elle répond à mes critères, à savoir la proximité, le choix et la diversité des articles proposés, la qualité de l’accueil et du conseil du libraire. Mais aujourd’hui, je n’ai pas encore rencontré cette perle.

Pour conclure je dirais qu’au final chacun fait ce qu’il veut quand il achète un bouquin, bordel. Aucun « clan » n’a la vérité absolue, il faut respecter les choix des uns et des autres et vivre en bonne intelligence ensemble (c’est beau comme un épisode de La petite maison dans la prairie ce que je viens d’écrire, non ?).


Si vous êtes sages, un jour je ferai un article sur le piratage, ou comment tuer des artistes (et dynamiser la prolifération des algues vertes en Bretagne).

Commentaires

  1. je suis sage, je veux ton prochain article :)

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    1. Toi tu veux connaître le pourquoi du comment des algues vertes ^^

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    2. Mais tout à fait, tout à fait !

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  2. J'adore ton article et suis tout à fait d'accord avec toi et oui moi aussi je suis sage ( croise les doigts dans le dos ) et veux ton prochain article ^_^

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  3. Moi je crois que chacun devrait avoir le droit d'acheter ses livres où bon lui semble sans avoir à se justifier. Mais bon, tu me connais, je suis une rêveuse...

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  4. Je suis tout pareil d'accord avec toi. J'ai une petite librairie sympa à 10mm de chez moi à pieds et j'y vais le plus souvent possible (je peux même lui passer commande par mail et ensuite aller chercher mes livres) mais je n'ai pas toujours le temps et amazon (et autres) dépanne pas mal pour ça. Mais bon certains essayent de se faire bien voir...

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    1. Oui et puis chacun fait comme il peut en fonction de ses contraintes personnelles. Selon ta situation familiale, ton job, tes revenus tu n'as pas le même temps ou le même budget pour la chasse au livres, donc chacun fait comme il peut aussi.

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  5. entièrement ok avec toi moi aussi

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    1. C'est gentil.

      En même temps, on a le droit de ne pas être d'accord, tant que le dialogue reste courtois (je dis ça pour ceux qui auraient peur d'intervenir).

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  6. j'ai été très sage donc je veux bien lire ton prochain article !!!

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    1. Toi sage ? Parlons de ton addiction aux chaussures ... ^^

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  7. Au grand désespoir de mon découvert à la banque, j'achète sur Amazon ET dans les librairies (traditionnelles ou chaines). Bref, je bouffe à tous les rateliers!
    Après, comme toi, j'habite à 20-25 bornes de la plus proche librairie correcte, pour laquelle il faut en plus payer le parcmètre. Alors même avec des frais de port, ça reste plus économique de passer commande sur le net.
    Le jour où les librairies sympas viendront vendre leur stock sur le marché de mon village, je m'engage à n'acheter que leurs bouquins.

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    1. Le jour où un libraire (même un pas sympa, juste un libraire) viendra s'installer dans mon village, je fais le tour de la place en string avec des Crocs à fleurs ^^

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    2. Ce jour-là j'espère qu'il y aura quelqu'un pour prendre une photo :)

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    3. Nan faudra me croire sur parole ;)

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  8. Je partage chaque phrase, chaque mot et chaque signe de ponctuation de ce billet, dans ses affirmations et dans ses nuances :)

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    1. J'aime lire le mot "nuances", ça prouve que j'en suis capable ^^

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  9. Très bon billet, et je partage totalement ton avis. Je crois qu'au lieu de mettre des jolis pansements Pokemon sur les blessures mortelles des libraires, en se disant que ça fera bien l'affaire, il faudrait voir à réfléchir sur le fond.

    J'ai rien contre les libraires et les librairies, et quand j'en trouve une chouette, j'adore y flâner et y faire mes achats. Mais ce ne serait certainement pas le premier commerce de l'histoire à disparaitre ou à devoir se réinventer. Et oui, c'est triste, mais c'est comme ça. Qui pleure aujourd'hui sur la disparition du maréchal-ferrant presque disparu quand le transport à cheval est devenu démodé ? Ou de la couturière du village qui habillait tout le monde ? Qui a une pensée pour tous ces métiers ? Plus personne, parce qu'on a appris à faire autrement, plus simple, plus rapide, plus économique. C'est dommage ? Oui, si on veut. L'humain va en avançant, toujours, et tant mieux (même si la nostalgie c'est chouette aussi de temps en temps).

    Les libraires ne peuvent pas continuer tel quel, et ce ne sont pas des lois débiles comme celle-là qui y changeront quelque chose.
    On allait à la librairie :
    - parce qu'on avait le temps => ce n'est plus vraiment le cas.
    - parce qu'on y trouvait des romans (logique :D ) => on les trouve plus facilement en ligne aujourd'hui.
    - pour obtenir des conseils => c'est triste, mais quel intérêt à l'époque où un clic nous donne accès aux avis de millions de gens ? Avec souvent la possibilité de regarder les goûts des personnes pour savoir si on va partager leur opinion ou pas. La dernière fois qu'un libraire m'a fait bénéficier de ses conseils, j'ai acheté un roman que je n'ai même pas réussi à finir, alors qu'en voyant plus tard les avis sur Amazon, j'ai vu que ce livre n'avait aucune chance de me plaire à la base. Le conseil d'UN libraire n'a plus vraiment d'intérêt de nos jours, à moins qu'il connaisse intimement son client...

    Et je ne parle même pas des plus gros acheteurs de livres, qui sont parfaitement cultivés et renseignés, et qui en savent d'ailleurs souvent plus que le libraire du coin sur les sorties, les tendances et les romans best-sellers.

    Bref, bref, les libraires et l’État sont bien gentils, mais au lieu de pleurer sur une heure de gloire révolue, il faudrait voir à s'adapter et à se renouveler, pour attirer le consommateur.
    Taper sur tous les acheteurs Amazon, les accuser des pires bassesses et j'en passe, ne fait pas avancer les choses. Au contraire, j'en ai personnellement plein le dos que des libraires qui ne connaissent rien de ma vie viennent me faire la morale comme si j'étais une ado délinquante et un peu neuneu.

    Le problème n'est jamais du côté des acheteurs, on peut les accuser de tout, la solution ne viendra jamais d'eux, puisqu'ils iront toujours au plus intéressant.

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    1. Tu ne te déplaces plus à cheval toi ?!
      Tu as entièrement raison sur les raisons qui font que les gens ne vont plus en librairie. Le libraire n'a souvent plus de "valeur ajoutée", il est la plupart du temps un vendeur comme un autre, donc peu d'intérêt à se déplacer exprès pour le consulter. De toute façon, dans toutes les branches, les consommateurs sont de mieux en mieux informés, voire même plus que le vendeurs !

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  10. Je tiens quand même à préciser que pour ma part, si j'ai le choix, j'achète en librairie, avec les contraintes que cela implique et qui me dérangent ou non selon le cas. Ce qui m'agace par contre ce sont les gens qui font comme moi et qui passent leur temps à s'en vanter comme si c'était leur cause humanitaire attitrée.
    Chacun fait ce qu'il veut ou surtout comme il peut, comme le disait Chani.
    Je comprends aisément les gens qui préfèrent acheter sur le net, que ce soit sur amazon ou ailleurs. J'achète mes livres d'occasion sur priceminister, je passe directement par les sites des éditeurs pour certains ouvrages et c'est bien pratique.
    Il y a d'excellents libraires, sympathiques et qui connaissent leur métier, mais à côté de ça; j'en connais quelques autres qui ne font pas honneur à leur profession, c'est comme partout.

    Oh et si vous voulez je peux vous présenter des couturières qui gagnent mieux leur vie que moi... :P

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    1. Moi je connais plein de professions qui gagnent mieux que moi -_-

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    2. T'as plus qu'à te mettre à la couture.

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  11. L'article est pertinent pour ce qu'il critique, plein de bon sens en reprenant point par point les avantages (nombreux) d'amazon et les avantages (presque inexistants) des librairies.

    Le hic, c'est que, lorsqu'on élargit le cadre de réflexion, le problème ne s'arrête pas là.

    Amazon est une enterprise épinglée pour sa politique mercantile désastreuse et ses conditions de travail abrutissantes. Oui, la vente en ligne est plus pratique, oui, c'est agréable de ne pas être jugé par son libraire. Mais c'est loin d'être le plus important. Il y a tout un pan économique et social qui se joue autour de cette industrie, et se servir du même acteur pour acheter tous ses articles, c'est conférer le monopole (et donc la puissance économique) à l'acteur le moins cher et le plus efficace. Le moins cher et le plus efficace, dans la vente en ligne, c'est souvent la boite avec le moins de morale, qui fait le moins dans le détail et presse ses employés comme des citrons.

    Avouons qu'on est loin de la thématique "les-librairies-ont-une-âme-au-moins" des bobos-écolos, argument qui est d'ailleurs le seul présenté à la défaveur d'amazon dans cet article.

    Donc, en gros, c'est bien écrit, plein de bon sens...mais je trouve ça très très partial, car ne s'occupant pas des problèmes de fond sociaux-économiques qu'un monopole commercial crée.

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    1. Ah oui mais non, c'est un petit blog de chroniques de bouquins, pas les pages éco du Figaro hein ;)
      Pour parler deux minutes du fond économique, je suis malheureusement, comme beaucoup, très contrainte par l'état de mon portefeuille et, même si je sais qu'en allant au moins cher je concoure au dumping social, je ne peux pas y faire grand chose, en étant moi-même victime à l'autre bout de la chaîne.

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