La guérisseuse de Suffolk - Les chroniques de Virginia T1, Laure Valens


Résumé :

Virginia avait toujours pensé que sa vie était écrite comme du papier à musique, mais suite à sa noyade tout bascule...Se réveillant en plein début de 16e siècle, juste avant le schisme et à la cour d'Henry VIII, elle n'a qu'un seul but : survivre. Engagée comme guérisseuse auprès de Catherine d'Aragon, elle se heurtera rapidement aux idées rétrogrades de l'époque et à une étrange attirance envers le duc de Suffolk, beau-frère du roi. Mais comment peut-elle s'en sortir entre les complots de la cour et une guerre millénaire entre des panthéons bien trop présents pour n'être que de simples mythes ? Virginia n'aura pas d'autres choix que de revoir ses théories sur la normalité.


Avis :

En préambule, je tiens à préciser que c’est l’auteur elle-même qui m’a demandé de lire, et de chroniquer son roman, voulant un avis objectif sur son livre fraîchement sorti. Jusque-là elle n’avait eu que des critiques dithyrambiques, et, même si elle en était flattée, elle souhaitait un regard autre que celui porté par ses amis, sa famille… Cette demande a été formulée auprès d’autres membres du staff de bit-lit.com, notamment Lila et Kamana, et nous en avons parlé ensemble. Enkara était elle aussi intéressée par l’ouvrage, nous avons donc décidé d’en faire une lecture commune.

Très sincèrement, j’aurais aimé dire, une fois le livre refermé, que j’ai adoré ce que j’ai lu. Déjà parce que je trouve la démarche de Laure Valens plutôt courageuse, et ensuite parce que je n’aurais pas pris le risque de me faire taxer de vilaine acharnée au regard de l’éditeur chez qui elle a signé. Malheureusement, je n’ai pas été conquise, je vais tenter d’en expliquer les raisons de la manière la plus factuelle possible.

Pour commencer, il y a quand même du positif. Laure Valens est enthousiaste, pleine de bonne volonté, on sent qu’elle a mis tout son cœur dans son récit, et qu’elle s’est éclatée à écrire une histoire qui lui plaisait.
Hélas, l’enfer est pavé de bonnes intentions, et l’enthousiasme ne suffit pas toujours.

L’histoire souffre d’un gros souci de cohérence. Pas de trame principale, pas de colonne vertébrale sur laquelle elle aurait construit son histoire. Le lecteur a l’impression que l’héroïne déambule dans l’univers créé par l’auteur, et qu’il lui arrive des aventures au fur et à mesure de ses pérégrinations. Du coup, je me suis demandé tout du long quel était son but, où tout cela allait nous amener, d’autant plus que l’auteur mélange divers genres au cours de son récit.
Justement, ce fameux mélange des genres n’est pas des plus heureux. On a l’impression d’avoir un amalgame de bric et de broc, un condensé de ce qu’aime l’auteur et qu’elle voulait absolument caser dans son roman. L’histoire commence comme La croisière s’amuse, tourne en Titanic, pour finir chez Les Tudors, avec un mix de mythologie. Je n’ai pas compris l’intérêt de faire basculer l’héroïne au XVIème siècle, pour ensuite la faire tremper de temps en temps dans l’Antiquité grecque.
Sur le plan historique, il y a aussi des incohérences, des largesses prises avec la réalité historique. Pourquoi pas, mais dans ce cas, faire un cours d’histoire page 175 (de mémoire), n’a pas de sens. Pourquoi être très pointue sur un fait historique bien précis, alors qu’en même temps la mort de Marie Tudor n’intervient pas en 1521, même si ça permettait à l’héroïne d’avoir une histoire avec Charles Brandon. Idem, en terme de crédibilité, une guérisseuse à la cour d’Henri VIII semble improbable. Donc, soit l’auteur prend le parti de s’éloigner de la réalité historique, soit il respecte l’Histoire, mais il ne fait pas un coup l’un, un coup l’autre, comme ça l’arrange.
Enfin, dernier point, l’écriture manque de maturité. Entre la narration qui hésite entre la première et troisième personne au début, le manque de personnalité dans le style, et le vocabulaire qui passe d’un registre à l’autre, l’écriture est vraiment très maladroite. L’héroïne manque d’identité, utilisant parfois un langage relevé pour parler à un paysan (« Bonjour monsieur, croyez bien que je suis vraiment désolée de vous déranger en plein travail ») alors qu’elle est d’une rare familiarité avec les nobles qu’elle croise. Les changements de ton sont toujours brusques, rarement justifiés, au gré de l’humeur de l’auteur ou que sais-je, mais pas au service du récit. Ses actions, réactions, sont parfois vraiment étranges (de tête je citerai le passage où elle embrasse Charles sur le lit alors que le corps de Marie, qui vient de rendre son dernier souffle, est à côté. Ou alors son acceptation de tous les évènements sans sourciller). Les dialogues frôlent le ridicule (« - Je vous prie de m’excuser, j’ai des mourants qui m’attendent ! –Allez-y comtesse ! pouffa Catherine » ou « - Tu peux me tutoyer. Après tout, tu es ma fille ! Elle était sa fille. Il était son père »).
Dernier point, trop de vannes éculées, de jeux de mots vaseux (le chat Mau, j’ai toujours du mal à le digérer quand même…). Et je passe sur les fautes d’orthographe et autres…

Je ne vais pas poursuivre plus avant, mais ce livre ne m’a pas plu sur le fond et la forme ; l’ensemble quoi. Un autre éditeur que celui qui a accepté cet ouvrage aurait fait le même constat que moi, je n’ai aucun doute là-dessus, et aurait conseillé à l’auteur de revoir sa copie. Il se trouve qu’en l’espèce le manuscrit a été publié tel quel, et prouve que, malheureusement, signer chez un éditeur n’est pas forcément gage de qualité.

Commentaires

  1. Pour être plus juste dans ta dernière phrase, il faudrait dire : signer chez cet éditeur n'est pas signe de qualité. :/
    Je n'avais déjà pas envie de lire ce livre et ton avis confirme mon intuition.

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  2. Oh j'ai en tête un livre publié chez un autre éditeur (que j'aime beaucoup d'habitude), et je me demande toujours comment ça a été possible ...

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