Ecriture #4 : Nouvelle 3

Cette fois-ci pour un concours sur Bit-lit.com avec pour consigne d'être de l'urban fantasy. Il y avait aussi un minimum et un maximum de signes, mais j'ai oublié, et c'est pas très grave non plus.
Résultat ci-dessous, j'en suis pas super contente, et en même temps la nouvelle a été écrite à l'arrache entre deux portes, donc on a que ce qu'on mérite !

(Vous remarquerez un gros souci de mise en page au niveau des dialogues à cause des tirets, après avoir bataillé avec Blogger pour essayer de bidouiller ça, j'ai fini par m'incliner, les voies de Blogger sont impénétrables...).


Toujours, et encore…



J’avais une vie.
J’avais un avenir…

J’étais une brillante avocate (dans un cabinet de seconde zone, certes), ma vie amoureuse faisait des envieuses, je collectionnais les hommes (sans réussir à en retenir un seul, sic), je ne comptais plus mes amis (ni l’argent qu’ils me devaient), ma famille m’aimait (ma mère était complètement schizo, mais elle m’aimait, à sa façon)…
Ok, j’avais peut-être une vie un peu pourrie, mais au moins j’en avais une !
Il a suffi d’une mauvaise rencontre, une seule, pour que tout prenne fin. Quand j’ai senti ma vie me quitter, j’ai d’abord éprouvé de la peur, puis un sentiment d’injustice, et enfin une immense résignation. Puis… plus rien. Et puis je me suis réveillée six pieds sous terre, dans mon joli cercueil capitonné. Soit dit au passage, mes dernières volontés n’avaient pas été respectées puisque je voulais être incinérée, mais pour cette fois je n’allais pas me plaindre. Cela dit il fallait se rendre à l’évidence : j’avais même réussi à foirer mon repos éternel !

Je me rappelle très bien de cette nuit où, paniquée, je suis revenue d’entre les morts. Oh, au départ j’ai pensé à une erreur, on voit ça tout le temps dans les films. Le soi-disant macchabée qui se met à bouger au moment où le légiste s’apprête l’inciser. Surpriiiiiiiise ! Le toubib s’excuse, le mort se rhabille, la famille est contente, et tout ce petit monde repart, plus riche d’une nouvelle histoire à raconter dans les diners entre amis. Sauf que j'ai très vite déchanté. Le gardien du cimetière, cette ombre que j’avais pu apercevoir lors de mes rares passages en ce lieu, m’aida à remonter à la surface, comme s’il m’attendait. Avant même que je ne puisse ouvrir la bouche, il se fit un devoir de me mettre au parfum de ma nouvelle condition. Et il n’était clairement pas dans son idée de me ménager !
-          T’es morte ma chérie, m'annonça-t-il sans détour. Mets-toi ça bien dans le crâne. On gagnera du temps ! 
-          C’est une regrettable erreur, je…
-           Tu es morte, me coupa-t-il. Point barre. Morgue, funérailles, mise en terre, c’est fini. Game over chérie ! Tu as tiré ta révérence. Alors prends la pelle sans discuter, et aide moi à remettre ta tombe en état.
J’ai toujours été une gentille fille, prompte à obéir aux ordres, et je me retrouvai donc avec la pelle à la main, en tailleur noir et talons (j’avais été habillée classe pour rejoindre ma dernière demeure). Le chignon de travers et les ongles pleins de terre, je remis ainsi en place la terre que j’avais dégagée en m’extirpant du sol.

Notre tâche terminée, le gardien me mena dans sa maison, située juste de l’autre côté de la rue. Pratique pour se rendre au travail ! Après une longue douche chaude délassante, je passai des vêtements propres sans trop m’interroger sur leur propriétaire. Ils m’allaient, ils sentaient bon, c’est tout ce qui m’importait. Ce n'était pas du Prada, mais je n’allais pas jouer les difficiles…
Je sortis de la salle de bains et retrouvai mon hôte, confortablement installé dans un superbe Chesterfield bordeaux sombre. J’en profitai pour le détailler : grand, sec, cheveux mi-longs gris, parsemés de mèches blanches, moustache et bouc de la même couleur, dans les quarante-cinq ans. Jean avec grosse boucle de ceinture, chemise à carreaux, santiags, un cow-boy dans un chaleureux salon de style anglais, quoi. Il m’invita à m’asseoir.
-          Les vêtements sont à ta taille ?
-          Euh oui, marmonnai-je. Merci.
-          Bien. Tu as des questions ? me demanda-t-il
Tu parles si j’avais des questions !
-          Oui ! Enfin non, hésitai-je… Je sais ce qu’il s’est passé. En fait, après avoir été agressée, j'ai dû rêver ma mort, l’épisode dans le cimetière, tout ça… Vous m’avez sauvée, ça j'en suis sûre. Et maintenant, je suppose que nous allons nous rendre au commissariat afin de déposer plainte, et…
Mon interlocuteur m’interrompit d’un grand éclat de rire.
-          Non chérie, t’as pas rêvé. Tu as été agressée, ça oui, mais je ne t’ai pas sauvée. Tu es bien morte, n'en doute pas. J’ai juste attendu que tu te réveilles pour t'aider à sortir de ta tombe.
Face à mon refus d’accepter la réalité et à mon désir manifeste de continuer à me vautrer dans mon ignorance crasse, mon hôte se fit un devoir de m’expliquer par le menu ce qui m’était arrivé. Je vais vous la faire courte, dans tout son long monologue je ne devais retenir que quatre mots : vampire, morsure, morte et relevée.
-          Wow ! m’exclamai-je. En admettant que vous disiez vrai, je suis donc un vampire maintenant ! Quel genre ? Cruel prédateur ? Scintillant au soleil ? Avec ou sans âme ? J’ai des pouvoirs ? Je suis plus forte qu’avant ? Plus belle ? Je peux voler ? Je..
-          Stop ! Mais tais-toi donc petite dinde ! Oublie tes histoires de vampires romantiques, de toute façon tu n’en es pas un. Tu n’es qu’une goule.
-          Une quoi ?? Une … Goule ?
-          Tu as parfaitement entendu. Une goule. En théorie ça fait de toi la servante d’un vampire. Sauf que ton maître t’a visiblement abandonnée…
Et voilà, encore un membre de la gent masculine que je n’avais pas réussi à retenir. À croire que quel que soit mon état, que mon cœur batte ou non, j’avais de sérieux problèmes avec les hommes…
-          Et maintenant, je deviens quoi alors ?
-          Ce que tu voudras, à toi de construire ton avenir.
Génial, un cow-boy philosophe, vraiment, je suis gâtée…
-          Je n’ai nulle part où aller maintenant que je suis censée avoir quitté ce monde, lui fis-je remarquer. Aucune ressource, et je ne sais même pas ce que je suis.
-          Reste ici le temps qu’il faudra fillette, on trouvera une solution.
Pas forcément l’offre la plus chaleureuse qu’on m’ait faite, mais vu ma situation, c’était mieux que rien. Je m’empressai d’accepter, avant que mon hôte ne fasse machine arrière. C’est ainsi que commença ma nouvelle « vie », me rendant dépendante d’un type que je connaissais à peine et qui pourtant ne me laissait pas tomber.

Finalement, je suis restée presque trois ans avec Ethan. Il m’a ouvert les portes du monde surnaturel. Il était certes gardien de cimetière, mais surtout Gardien tout court. Son job : éviter que les créatures non-humaines égarées ou à la dérive ne trahissent ce secret consciencieusement caché aux mortels. N’allez pas croire que j’ai de suite accepté tout ça. : les bestioles censées ne pas exister, mon décès, mon nouvel état, tout ce monde qui pour moi ne prenait vie que dans les livres, ou le soir d’Halloween. Au début j’ai beaucoup pleuré, hurlé, tapé du pied, insulté le Gardien, allant jusqu’à l’accuser d’être à l’origine de mes maux. En me prenant sous son aile il avait vraiment tiré le gros lot.
Après le déni et la rébellion, est venue l’acceptation, et la canalisation de toute ma rage, ma haine et ma frustration pour attendre un nouveau but. Exterminer le fils de pute de vampire qui avait fait de moi l’abomination que je suis aujourd’hui.
Le Gardien est devenu mon mentor, mon allié. Il m’a entrainée au combat, m'initiant avec patience à toutes les techniques d’attaque, de défense ou d’esquive. Grâce à lui, les armes à feu sont devenues mes meilleures amies, les pieux et les couteaux n’ont rapidement plus eu de secret pour moi. Je me suis endurcie, physiquement et mentalement. Exit la douce avocate qui préférait négocier plutôt qu’aller à l’affrontement. Bienvenue à l’assassin qui vous tire dessus et fonce dans le tas avant même de prononcer la moindre parole. Un virage à 180 degrés !

Pour me « faire la main », je me suis mise à chasser les renégats. Vampires, garous, sorciers qui violaient le pacte interdisant d’agresser les humains. J’étais le juge et le bourreau. Ivre de rage et de vengeance, j’ai planté mon pieu dans de nombreux cœurs, passé nombre de cous sur le fil de mon sabre, brisé de nombreuses nuques.
Dire qu'autrefois, je rechignais à me rendre à la salle de sport ou à voir un film d'action à la TV… En fin de compte, je suis vraiment une fille qui s'adapte facilement.
De mon point de vue, mon but était noble, et je m’adonnais à cette activité avec un plaisir non dissimulé. Je n’avais pas pu être sauvée, mais grâce à mes actes, d’autres le seraient.
Au départ, Ethan m’a entrainée pensant que cette lubie ne durerait qu’un temps. Certainement espérait-il que je finisse par me lasser, et qu’il pourrait alors faire de moi une gentille Gardienne. Mais le temps passait, et ma résolution ne faiblissait pas. Pire, je réussis même à convertir mon mentor à ma cause. Galvanisés par ma fougue et ma détermination, nous partions tous deux à la chasse aux monstres, comme j’appelais nos traques.
La plupart du temps, je ne prenais pas de grands risques. Le gros avantage (le seul ?) d’être une goule, c’est que je peux sortir en plein jour pour rejoindre la planque du suceur de sang que j’ai dans le collimateur. Et là je me contente de lui transpercer le cœur pendant son sommeil. Que voulez-vous, on ne se refait pas, je préférais ce type d’action propre et rapide aux batailles au corps à corps. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire disait Corneille, eh bien moi je préfère être sûre de rester en vie et que mon ennemi trépasse. Qu’importe votre bravoure passée quand vous êtes mort ! Mort pour de bon je veux dire… Bref, mes méthodes n’étaient peut-être pas les plus nobles, mais j’avais déjà plus que mon lot d’action avec les garous et les sorciers, alors autant m’épargner avec les vamps si je le pouvais. Et puis de cette manière, je protégeais mon allié autant que faire se peut…

Pourtant je n’étais pas satisfaite. Malgré mes recherches, ma traque consciencieuse, le seul nocturne que je rêvais vraiment de buter, celui à qui je devais mon état, restait introuvable. Loose un jour, loose toujours…

Notre duo aurait pu continuer des années à semer la terreur chez les renégats, mais notre célébrité grandissante finit par causer notre perte. La trainée de mort que nous semions sur notre passage nous a attiré la haine de nos proies.

Tout bascula un soir où Ethan et moi étions de sortie bras dessus-bras dessous. L’une des rares soirées où nous ne partions pas en chasse et nous octroyions un peu de repos bien mérité, il était là. Mon créateur, celui que j’avais tant cherché en vain était finalement venu à moi de son plein gré. Alertant mon mentor, nous suivîmes le suceur de sang dans l’impasse où il venait de s’engouffrer, prêts à lui régler son compte.
L’affrontement qui suivit fut long, le vampire était rapide et doué au combat. Pire encore, j’avais l’impression qu’il jouait avec nous comme un chat avec des souris. Il contrait ou esquivait nos attaques avec une facilité déconcertante. Malgré notre expérience et nos tactiques maintes fois éprouvées et toujours couronnées de succès, nous ne parvenions pas à fragiliser les défenses de notre adversaire. Impossible de trouver sa faille, comme s’il anticipait nos mouvements, voire parfois même nos pensées. Alors qu’Ethan se jetait sur le vamp pour détourner l'attention de notre adversaire – pour que je puisse le prendre par surprise – l’impensable se produisit. Au moment où mon ami devait s’effacer afin de me laisser le champ libre, il chancela. Peut-être du fait de la fatigue découlant des assauts successifs précédents, ou d’un moment d’hésitation, je ne sais pas. Toujours est-il que je vis le suceur de sang se saisir de mon mentor, prendre sa tête entre ses mains et la tourner d’un coup sec, le tout en me fixant droit dans les yeux, un sourire moqueur accroché sur ses lèvres. Après un craquement sinistre, je vis le corps de celui qui était devenu au fil du temps mon point d’ancrage s’effondrer comme une poupée de chiffon, aux pieds de son assassin. Sans se départir de son sourire, ce dernier, m’interpella.
-          Je n’ai pas fini de m’amuser avec toi. Les sources de distraction sont tellement rares pour quelqu’un comme moi qu’il ne faut pas les gâcher. Enfin pas tout de suite, ricana-t-il.
Le vampire m’envoya un baiser, puis disparut, comme s’il s’était dissout dans l’obscurité.
Je me précipitai vers le corps d’Ethan, tentant vainement de le ranimer. Mais je savais déjà au fond de moi qu’il n’y avait plus aucun espoir. En larmes, à la limite de l’hystérie, je restai prostrée un long moment, incapable de bouger, de prendre la moindre décision, laissant libre cours à ma détresse…

Ethan a été inhumé dans son cimetière, en toute logique. Quant à moi, j’habite toujours la petite maison qu’il m’a léguée. Une partie de moi est morte en même temps que lui. Une fois encore, je me vois contrainte de prendre un nouveau départ. Du moins j’essaye. Bientôt je vais quitter la sécurité relative de la maison, les souvenirs qui y sont raccrochés sont trop lourds à porter. Le fantôme d’Ethan est partout. Je le vois assis sur le Chesterfield, j’entends le claquement de ses bottes, je sens son parfum partout. Si je ne pars pas, je vais finir par perdre la raison et vivre prisonnière de mes souvenirs. Mais la démence est un luxe que je ne peux pas me permettre, car j’ai à faire. La mort du Gardien a décuplé ma rage. Je dois en apprendre davantage sur le suceur de sang qui a fait de ma vie un enfer. Je dois encore me perfectionner et m’entrainer avant de l’affronter de nouveau.
Je prends la route dans quelques jours, histoire de mettre de la distance entre mon ancienne « vie » et moi. Mais où que je sois, je promets de poursuivre le vamp, toujours, et encore…

Commentaires

  1. Elle est plutôt bien cette nouvelle. Je ne vois pas pourquoi tu n'en es pas satisfaite.

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    1. Je sais pas, j'ai une impression de bâclé. Et puis la fin va trop vite, mais j'ai pas eu la place de faire mieux, avec le nombre de signes imposés je suis partie tranquille, et quand il a fallu donner une fin j'ai du faire des raccourcis.

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    2. A la lecture ça ne se ressent pas en tout cas.

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